Le village
Fondée par Charlemagne, la puissante abbaye bénédictine de Lagrasse vit se développer une cité florissante, sur la rive opposée de l’Orbieu. De la prospérité de l’abbaye était né le village.
Célèbre pour son activité drapière, cette cité commerçante, largement tournée vers l’artisanat, accueillait au Moyen-âge le plus grand marché des Basses Corbières.
Les anciens remparts
De l’ensemble des fortifications du village subsistent encore quelques vestiges, dont la Tour de plaisance ou Grand Tourreil, et la « Porte de l’Eau », seule sortie de ville côté sud.
Le vieux pont
Le « Pont Vieux » à dos d’âne, qui relie le bourg à l’abbaye, apparaît sur un sceau de 1303. Il fut remanié au XVIIe et XIXe siècles. L’ouvrage, qui se compose de trois arches inégales, était initialement surmonté de deux tours.
La halle
Véritable joyau de l’architecture médiévale, la halle a été aménagée en 1315 à l’occasion du transfert du marché de Lagrasse qui auparavant était situé extra-muros.
Avec ses rues adjacentes, la place constituait un centre commercial important jusqu’à la première guerre mondiale.
L'église Saint-Michel
Installée au coeur du vieux bourg, l’église paroissiale est classée Monument Historique . Erigé de 1359 à 1398, l’édifice constitue l’exemple type de l’église gothique à nef unique de la région.
Depuis la Révolution, Saint Michel de Lagrasse renferme un riche mobilier provenant essentiellement de l’abbaye.
La chapelle Notre Dame du Carla
La maison du patrimoine
La Maison du Patrimoine de Lagrasse, lieu de mémoire de la cité et de son territoire, est l’ancien presbytère ou cappellenie, bâti dans la deuxième moitié du XVème siècle. C’est un bâtiment d’aspect extérieur sobre, mais dont certaines pièces s’ornent de splendides plafonds à la française, composés de 131 panneaux peints. Leur richesse et leur qualité esthétique autant que leur intérêt historique leur a valu le classement au titre des Monuments Historiques.
HISTORIQUE
Installée dans la vallée de l’Orbieu, la localité est placée dans la zone méridionale du massif de l’Alaric. Son toponyme Lagrasse provient du terme occitan « grassa » (fertile).
Comme la plupart des bourgs abbatiaux, c’est l’abbaye fondée avant l’an 800, qui va donner naissance au village. Le bourg initial était construit tout proche du monastère sur la rive gauche de l’Orbieu, à l’emplacement du cimetière actuel. Il avait son église, dont subsiste encore quelques traces, ses halles, puisque nous savons que notre marché couvert a été transféré sur la rive droite au XIVème siècle. C’est par manque de place que les premiers Lagrassiens ont du immigrer sur l’autre rive de la rivière.
L’implantation du village semble obéir à une planification qui se traduit par un plan relativement régulier en fonction de la topographie du terrain et du cours d’eau.
– rues en longueur d’un bout à l’autre du bourg, avec quelques rues en travers, formant des « pâtés » de maisons.
– leur pavage et la pente du terrain facilite l’écoulement des eaux.
Certainement la construction du bourg s’est effectuée à partir du XIIème siècle, progressivement, en fonction de l’extension de la population, pour s’achever dans le cours du XIIIème siècle. L’ensemble des demeures anciennes est antérieur au XVème siècle. On peut penser que le premier habitat construit de manière plus légère, a disparu pour laisser la place au fur et à mesure à des constructions en pierre.
Habitat polyvalent, les rez-de-chaussée sont composés d’échoppes ou de caves, les habitations sont à l’étage. Le tissu bâti est dense, laissant peu de place aux espaces non bâtis. L’espace public, notamment les places, était réduit au strict minimum.
Il faut souligner l’homogénéité des constructions, appartenant à une phase tardive du style roman, avec introduction des premiers caractères de style gothique. Toutes les maisons, construites sur des parcelles plus profondes que larges, comptent un étage et présentent sur la rue un mur goutterot. Aucune construction ne paraît illustrer un profil roman, malgré l’omniprésence des tracés en plein cintre dans les baies des fenêtres ou dans l’ouverture de nombreuses portes.
Cette unité renvoie à une phase de grande prospérité qu’il est tentant de mettre en relation avec celle de l’abbaye que l’on peut situer dans le dernier quart du XIIIème siècle.
Sous l’Ancien régime, l’abbé incarnait le seul seigneur en toute justice de Lagrasse. Cependant, les habitants représentés par des « Consuls », géraient les affaires de la communauté. Ces consuls, cités dès 1269, oscillaient en nombre de deux à quatre.
Du Moyen Age jusqu’au XVIIIème siècle, les ressources agricoles et l’élevage constituait l’essentiel des revenus de Lagrasse. Toutefois, le village était également tourné vers l’artisanat et le commerce. La commune, qui se distinguait alors par son activité drapière, accueillait le plus grand marché des Basses Corbières. Aujourd’hui, ce chef lieu de canton vit essentiellement du produit de la vigne et de l’accueil touristique. Il a réouvert ses échoppes qui abritent de nombreux créateurs et artisans d’art.